Qui est à l’origine des constellations ?
Quel peuple a rempli notre ciel d’animaux fantastiques et d’éléments du panthéon grec ?
Les Grecs eux-mêmes ? L’hypothèse semble logique mais on rencontre des figures d’inspirations plus anciennes que leur mythologie.
Tournons-nous vers le ciel et essayons de comprendre ses mouvements pour essayer de trouver des indices.
Chaque nuit, la plupart des étoiles se lèvent à l’est et se couchent à l’ouest sauf celles trop proches du pôle.
Le Soleil parcourt dans le ciel un cercle incliné de 23°27’ par rapport à l’équateur céleste : l’écliptique.
La révolution du ciel semble s’opérer autour d’un point fixe : les pôles célestes.
Dans l’hémisphère boréal, les étoiles proches du pôle sud ne sont jamais visibles et il faudrait s’installer sur l’équateur pour découvrir sur une année l’intégralité des étoiles des deux hémisphères.
Figure 1 La precession de l’axe terrestre
Nous remarquons tout de suite qu’une zone de l’hémisphère australe a été délaissée par les inventeurs des constellations. Elle est aujourd’hui remplie par des constellations à l’appellation presque trop moderne : la machine pneumatique, l’horloge, le réticule, la dorade, l’hydre mâle...
Une explication simple : le rayon de cette région en degré est la latitude des inventeurs des constellations.
Mais cette région n’est pas circulaire ; elle est ovale du fait de la précession des équinoxes. Ce phénomène fut découvert par Hipparque au IIième siècle av. J.-C. en comparant ses observations à celle d’Eudoxe de Cnide. Cet astronome du IVème siècle possédait une sphère probablement rapportée de son séjour en Egypte. Sur ce globe de pierre ou de métal était reporté l’écliptique, l’équateur, les principales étoiles et constellations. Les ouvrages d’Eudoxe furent perdus mais un poète macédonien du IIIème siècle, Aratos, transmis les éléments principaux de son œuvre. Hipparque s’étonna que dans le poème d’Aratos des constellations soient manquantes. L’histoire ne dit pas si ce fut la clé de la découverte d’Hipparque.
Les pôles célestes décrivent un cercle en 26000 ans. Les équinoxes, points où l’équateur coupe l’écliptique, bougent aussi. Etymologiquement ce sont les moments où les durées de jour et de nuit sont égales. Le mouvement conique de la Terre sur son axe est la précession des équinoxes. Hipparque remarqua que la position des étoiles par rapport aux équinoxes glissait au cours des siècles.
En tenant compte de ce mouvement, le centre de la zone vide de constellations coïncidait avec le pôle Sud 2500 ans avant notre ère.
Un astronome de Vancouver, Michel Ovenden, supposa également que les constellations du Zodiaque servaient à mémoriser les configurations des étoiles principales afin de déterminer, pour un moment de l’année donné, où était positionné le Soleil à l’aube, l’heure du lever. Ceci permettait aux marins de relier le cap qu’ils avaient suivi de nuit à partir de l’Etoile Polaire et le cap qu’ils suivaient de jour en suivant la course du Soleil. Les constellations émergeant de l’horizon, la supposition la plus simple était que les figures des constellations étaient orientées suivant l’axe Nord-sud. Cette configuration était vérifiée pour une période d’environ -2500 à -3100 ans av. J.-C. Les constellations du Zodiaque étaient donc orientées suivant l’équateur à cette période et non suivant l’écliptique et ces constellations se couchaient au même endroit aux différentes heures de la nuit.
Mr Ovenden examina également le poème d’Aratos et conclut qu’il décrivait un ciel datant d’environ -1800 à -3400 pour une latitude de 36° .
En examinant statistiquement le poème d’Aratos qui parle de nombreuses fois d’intersections entre les constellations et les cercles symboliques, équateur céleste, Tropique du Cancer , Tropique du Capricorne, on a obtenu le meilleur résultat pour -2000 av J.-C.
Mais pourquoi la sphère d’Eudoxe, base du poème d’Aratos, représentait-elle un ciel si ancien ? N’y avait-il pas eu interruption de l’histoire, rupture, entre sa fabrication et sa découverte par Eudoxe?
Partons à la recherche d’un peuple qui aurait pu léguer un tel objet.
La civilisation crétoise ne se développa qu’après -1900 et se prolongea jusqu’à sa destruction par une catastrophe naturelle aux alentours de -1450. La civilisation phénicienne s’étendit de -1500 à –500 et sa mythologie n’est pas celle des constellations. La civilisation égyptienne était trop au Sud, les constellations autour de la Grande Ourse était le crocodile, singe et hippopotame. De même Babylone était un peu trop au Sud ; les mésopotamiens naviguaient dans la mer d’Oman et la mer d’Arabie. En outre, même si beaucoup de leurs constellations étaient communes, à la place du Cygne, de la Lyre et du Chariot, ils utilisaient les formes d’une panthère, d’une chèvre et d’un bol. Toutes ces hypothèses sont donc à rejeter.
Une hypothèse plus crédible est celle du peuple des îles Cyclades qui, entre -2300 et –1800, établit des comptoirs sur tout le pourtour Est de la Méditerranée en s’élançant sur la mer sur des navires très élancés, presque des pirogues. Un texte de cette langue dite Ionien-Attique antérieure au grec classique, a été retrouvé sur un disque dans un palais à Phaistos, en Crète. Ce peuple semble aussi avoir transmis à la tradition grecque les noms traduits des pharaons de la fin du 3ème millénaire. On peut appeler ce peuple proto-ionien car l'Ionie désigna du XIème au Vème siècle les colonies grecques sur la côte Ouest de la Turquie, la Lydie couvrant le centre et la côte Sud.
Mais il subsiste des zones d’ombres. Par exemple, pourquoi les poèmes d’Hésiode et d’Homère oublient-ils curieusement la petite Ourse, pourtant essentielle pour la navigation ?
Homère, au IXème siècle av
J.-C.,
parlant de la Grande Ourse, précise qu’elle est tournée
vers
Orion. Homère est un conteur aveugle dont les récits
plongent
dans les racines de la civilisation grecque. Or vers -2500, le
pôle
Nord était au niveau de l’étoile a
du Dragon et proche de l ‘étoile h
de
la Grande Ourse. Considérons l’hypothèse que cette
étoile
était anciennement baptisée Orion, alors la Grande Ourse,
le chariot d’Orion ( ?), la regardait effectivement en tournant autour
d’un point voisin, le pôle Nord à cette époque. La
constellation d’Orion avec son bouclier pourrait aussi être une
transcription
tardive de la constellation d’Osiris des égyptiens
représentée
par les trois pyramides de Gizeh, encore une autre hypothèse.
Figure 2 la configuration du pôle voici 4500 ans
Les constellations seraient donc l’invention de ce peuple proto-ionien. Le Chariot, appellation originelle, devint une Ourse pour les Grecs et le nom d’Orion fut transféré à une constellation de l’hémisphère austral.
Le savoir babylonien put se répandre jusqu’aux comptoirs proto-ioniens sur la côte du Liban. L’astronomie naquit en tant que science à la fin du IIIème millénaire par la réunion des études babyloniennes sur les planètes, le Soleil et la Lune, de la connaissance égyptienne sur l’année et la durée, essentielle pour prévoir les crues du Nil, et du savoir des marins des Cyclades qui étudièrent les constellations utiles pour leur navigation.
Dans les mythes de ces trois peuples, la Terre est un disque entouré par l’Océan. Au-dessous le Tartare, le monde des ténèbres, au-dessus le ciel des constellations…
Sources : Kadath chronique des civilisations disparues n°83