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1 L’eau
est-elle une anomalie de la nature ?
3 Illustration : pourquoi
l’eau
gèle en surface des lacs ?
L’eau, l’élément le plus abondant de notre
biosphère, au cœur de la plupart de phénomènes biologiques demeure en
partie un
mystère pour la physique contemporaine. Ses propriétés dans des
conditions
usuelles de température et de pression le fond apparaître unique et
extraordinairement apte à sa fonction de solvant. Et très étonnamment
ses propriétés
à basse température font l’objet de nouvelles controverses.
Principales anomalies de l'eau :
- très
forte cohésion, qui se traduit par des températures de fusion et
d'ébullition
élevées ;
- constante
diélectrique élevée, qui lui permet de dissoudre tous les sels ;
-grande
expansion à basse température (en dessous de 4°C) et aussi lors de la
cristallisation.
Si on regarde les
éléments qui suivent
directement l'oxygène – l'eau est de formule chimique H2O,
un atome
d'oxygène lié à deux atomes d'hydrogène – dans la classification
périodique
pour essayer de savoir sous quelle forme est l'eau à température
ambiante,
alors tout laisse à penser qu'elle doit être gazeuse, comme l'est, par
exemple,
le sulfure d'hydrogène, de formule H2S.
La liaison
hydrogène
s'établit entre deux molécules identiques ou non. C'est le
déficit de charge portée par l'atome d'hydrogène qui permet
l'apparition de la
liaison.
L'agitation
thermique
caractérise le mouvement des particules (atomes, molécules…).
La température est une mesure de cette agitation.
L’eau n'est pas un gaz à température
ambiante, parce
que les liaisons hydrogène sont suffisamment fortes. L'eau est donc
douée d'une
grande force de cohésion. Résultat : il faut apporter beaucoup
d'énergie pour
rompre ces liaisons, ce qui explique qu'elle ne bout qu'à
100 °C. De l'autre, ce n'est pas non plus un
solide à température ambiante, parce que les liaisons sont tout de même
fragiles.
Si l’eau se cristallise en glace couramment à
0°C,
dans le cas extrême d’une eau pure surfondue dont la température est
progressivement abaissée à -40°C, l'agitation
thermique des
molécules d'eau sous ce seuil n’est plus suffisante pour éviter que le
liquide
ne se transforme en glace. Passée
cette barrière de température, la durée de vie de l'eau
liquide devient extrêmement brève. Les physiciens n'ont alors plus le
moyen de
l'observer.
C'est aux alentours de -130°C qu'apparaît un
autre
phénomène intéressant : si l'eau est refroidie suffisamment vite
jusqu'à cette
température, elle se transforme en glace amorphe, c'est-à-dire qu'elle
a la
structure du verre.
.
L’eau est le seul corps plus dense à l’état
liquide
qu’à l’état solide. L’énergie nécessaire pour la porter à ébullition
ferait
fondre la casserole si cette dernière était vide. De l’eau ultra propre
peut
rester liquide jusqu’à +220°C sans bouillir et jusqu’à -40°C sans geler.
La cause de ces remarquables
propriétés ? La
liaison hydrogène. Au contraire des liaisons covalentes 50 fois plus
fortes qui
lient dans chaque molécule l’oxygène à deux atomes d’hydrogène, elle ne
lie pas
entre eux des atomes de la même molécule mais des atomes de molécules
proches.
Et c’est cette liaison faible qui est responsable des propriétés
remarquables
de l’eau. A température ambiante
l’énergie de la liaison hydrogène de 10Kjoules par mole est quatre à
cinq fois
supérieure à l’énergie thermique (l’énergie cinétique) des molécules.
L’eau serait donc solide ? Heureusement
pas car
ces liaisons sont directionnelles; dès que l’axe reliant les atomes
O-H-O
s’écarte des 30°, la liaison se rompt. Or cette liaison maintient les
molécules
éloignées de 0,18 Angström contre 0,10 A pour la liaison covalente
O-H ;
les molécules peuvent se rapprocher. C’est pour cette raison que la
glace
transformée en liquide à la température de 0°C voit sa densité
augmenter
jusqu’à 4° ; entre 0 et 4°C, plus les liaisons hydrogène se rompent,
plus l’eau devient dense. Puis
au-delà l’agitation thermique repousse les molécules et l‘eau devient
moins
dense.
Pour passer de 0 à 100°C il faut rompre en
moyenne
une liaison par molécule. Or une molécule d’eau pouvant participer à 4
liaisons
hydrogène elle n’a moins de voisines que la dizaine couramment dans
d’autres
corps ; l’eau possède plus de volume libre pour absorber les
vibrations
internes à chaque molécule d’eau, d’où sa grande capacité calorifique.
L’eau est un liquide associé, c’est-à-dire
que les
liaisons intermoléculaires sont prépondérantes. Ces liaisons hydrogène
sont
attractives du fait des polarités opposées des atomes d’oxygène et
d’hydrogène.
Elles se forment et se défont en un millième de milliardième de
seconde, une
durée remarquablement indépendante de la température. A cette fréquence
d’observation l’eau apparaît comme un solide et une onde sonore de
fréquence
très élevée s’y propage comme dans une onde dans un solide, perturbant
les
molécules de proche en proche.
L’eau surfondue se transforme en cristal de
glace
dès qu’une micropoussière y est introduite ou si le récipient
contient la
moindre aspérité, on parle de nucléation.. Ce corps étrange sert
d’ancrage aux
premières molécules ordonnées qui constituent l’amorce. En dessous de
-40°C, la
très faible agitation thermique ne permet plus d’empêcher la formation
de petites
zones de densité égales à celles de la glace cristalline ; l’eau
ne peut
plus être liquide. Et au contraire des autres corps dont les propriétés
divergent lors de la transition vitreuse, c’est à ce seuil de
nucléation que
l’eau possède des propriétés divergentes de compressibilité, de
capacité
calorifique et de viscosité. Cette absence d’écoulement, cette
viscosité
infinie, ne se produit pas à l’état vitreux mais au passage en phase
cristalline. Et comprendre cette phase de transition de l’eau surfondue
s’avère
très difficile car à cette température la transition est extrêmement
rapide.
Le nombre de liaisons hydrogène augmente
quand la
température baisse ; les molécules d’eau se déplacent de moins en
moins
vite. Les liaisons formant un cristal
de mailles tétraédriques, la viscosité augmente fortement lors
de cette
cristallisation. Mais pourquoi à -40°, si loin de la transition
vitreuse à
-135°C, l’eau se fige non pas comme un cristal régulier
mais comme un liquide que l’on aurait
brutalement figé .
Mais si l’eau peut rester surfondue jusqu’à
-40°C
dans des conditions de pureté qui lui évite de se transformer en glace
cristalline, ses propriétés entre -40° et -135°C nouveau seuil, celui
de la
transition vitreuse, s’explique difficilement par la seule liaison
hydrogène
mais nécessite d’introduire des notions d’interactions à plus large
échelle.
II existe en effet une glace vitreuse à haute
densité produite à haute pression (12000 atmosphères et à -196°C) dont
la
densité est 30% supérieure à la glace ordinaire car une partie des
liaisons
hydrogène se sont rompues et cette densité subsiste lorsque l’on
revient à la
pression ordinaire.
Il est envisagé que la glace entre -40 et
-135°soit
une combinaison de deux formes de glace haute et basse densité ;
la glace
à haute densité subsistant sous formes métastable au-dessus du seuil de
-135°c
de transition vitreuse, tout comme l
‘eau surfondue existe jusqu’-40°C.
Une autre possibilité est que les molécules
d’eau à
plus grande échelle pourraient se comporter comme des
polymères avec une
température de transition vitreuse, les liaisons hydrogènes formant des
sortes
de rameaux latéraux à ces polymères dont les mouvements déterminent le
comportement de l’eau entre -40 et -135°C.
L'eau est en bon exemple d'un élément dont les facteurs physiques qui entrent en jeu dans la caractérisation de ses propriétés dépendent de l'échelle considérée.
Au niveau de sa description courante, les
propriétés
de l'eau sont caractérisées par trois facteurs: sa densité, sa
viscosité et son
indice diélectrique (ou indice optique).
La densité est légèrement fonction de la
température. Mais pour rendre compte de ce facteur, il faut modéliser
l'eau
comme un amalgame de molécules d'eau dont le volume propre n'est
pratiquement
pas fonction de la température. L'amalgame des molécules d'eau n'est
possible
que grâce à la polarisation naturelle de l'eau. Ce facteur n'entre en
jeu qu'à
l'échelle des molécules.
Or ces molécules peuvent se briser sous la
température ou par les chocs. La polarisation est donc le produit de
l'assemblage des atomes dans la molécule; c'est la polarisabilité,
facteur à
l'échelle atomique.
On peut réduire encore l'échelle et voir la
polarisabilité comme le produit des nombres quantiques qui attribuent
aux
atomes d'hydrogène et d'oxygène des capacités de liaison lié à la forme
géométrique des orbitales de leurs électrons. Ces nombres sont n pour nombre quantique principal (niveau
d'énergie), l pour le nombre quantique orbital (longueur du moment de
la
quantité de mouvement), m pour nombre quantique magnétique (projection
de ce
moment sur une droite ou axe de mesure).
Un des principaux objectif expérimental est
d’améliorer les expériences dites de cavitation, qui se déroulent à
température
ambiante et à des pressions qualifiées de « négatives ». Elles mettent
à
l'épreuve la cohésion de l'eau en recherchant la traction maximale
qu'on peut
exercer avec des ultrasons sur de l'eau liquide avant que la première
bulle de
vapeur ne se forme. « L'espoir est d'atteindre une pression de
-1400
bars. Alors des éléments nouveaux qui permettraient d'écarter certaines
hypothèses sur la structure de l'eau.
On a atteint -400 bars dans de l'eau propre
mais pas
particulièrement dégazée. La méthode utilisée permet d'étudier la
cavitation
sur un temps court (100 nsec) et dans un volume réduit (une fraction de
la
longueur d'onde acoustique au cube); elle est donc moins sensible aux
traces de
gaz dissous que les méthodes précédemment utilisées. Il devrait suffire
d'utiliser un amplificateur cinq fois plus puissant (environ 1kWatt)
pour
atteindre l'extrême limite de métastabilité prévue à -2100 bars dans
l'eau à
30°C.
L'apparition explosive d'une bulle s'appelle la cavitation. Une chute de pression est équivalente à un chauffage de l'eau. Les chercheurs étirent l'eau (ils parlent de pression négative) jusqu'à observer la première bulle de vapeur.
Quelle est la limite extrême de stabilité de l'eau pure à pression négative?
La limite spinodale de l'eau est minimale ( - 2100 bars ) à 30°C, et remonte à - 1800 bars à 0°C avant de rejoindre une autre limite spinodale, celle qui concerne la métastabilité de l'eau par rapport à la nucléation de la glace. La remontée de la spinodale liquide-gaz est liée au fait qu'il est impossible de maintenir l'eau liquide en surfusion au-delà de -45 °C. C'est lié aussi au fait que le coefficient de dilatation thermique change de signe de part et d'autre d'une ligne de maxima de densité dont la forme exacte n'est pas connue à pression très négative.
Il se trouve que l’eau a sa densité maximale
à 4°C
et qu’elle diminue entre 4°C et 0°C. La glace a une densité de 0,92
gramme par
cm3 . La surface de l’eau cède de la chaleur à l’air
ambiant
jusqu’à ce qu’elle atteigne 4°C. Etant à sa densité maximale, elle est
entraînée vers le fond. La masse entière se refroidit, processus
d’autant plus
long que le lac est profond. Cela explique que les flaques d’eau gèlent
bien
avant les étangs. Dès que la température descend en dessous de 4°C
l’eau de
surface, moins dense que l’eau de profondeur, reste en haut où elle va
se
refroidir jusqu’à 0°C avant de geler. La couche de glace s’épaissit
pendant que
le reste de l’eau reste à 0°C permettant la vie aquatique en hiver. Le
processus
ralentit car la glace est un isolant thermique (igloo). La chaleur de
l’eau qui
se trouve en dessous a de plus en plus de difficulté à être évacuée. La
vitesse
de formation d’une couche de glace est inversement proportionnelle à
son
épaisseur ; lorsque l’eau se solidifie ou que la glace fond, la
température reste constante à 0°C et seule la quantité de glace varie.